mardi 22 février 2011

Un roman différent...

Parle-leur de batailles de rois et d'éléphants de Mathias Enard n'est pas un roman banal. En effet il se base sur la véritable vie de Michel-Ange (peintre, sculpteur, architecte mais aussi poète de la renaissance) tout en y mêlant des éléments fictifs: nous ne savons plus ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. On y trouve des faits historiques et d'autres complètement inventés. On pourrait donc parler soit d'une biographie romancée soit d'un roman historique.
Mathias Enard nous l'explique d’ailleurs à la fin de son livre page 153-154 :

"Quand à l'affaire qui nous intéresse ici, voici donc ce que l'on peut facilement retracer : (...) Pour le reste, on n'en sait rien.".


De plus le roman est rythmé par une succession de styles d'écritures et de genres différents.
On trouve des passages romancés où l'on découvre les actions et les pensées des personnages, avec de points de vue changeants à chaque chapitre.
Il y a également des passages épistolaires à savoir les différentes lettres que Michel-Ange envoie en Italie. Par exemple page 39 :

"Constantinople, 19 Mai 1506. A Buonarroto Di Lodovico Di Buonarrota Simoni In Firenze (...)".

Enfin Mathias Enard intègre également des passages poétiques qui sont présents soit à travers les vers inventés par Mesihi soit lors des chapitres où le point de vue interne est celui de l'esclave Andalouse.


En ce qui concerne les registres, on peut dire, de par les faits historiques, que ce roman présente un registre réaliste. L'action est incontestablement ancré dans la réalité, des dates précises et des évènements réels nous le prouvent, ainsi que des descriptions précises de la ville de Constantinople :

"Durant le reste de la matinée, sur les quais, autour de la porte dans les remparts de la ville et jusqu'au milieu de port, où on les promène en barque, Michel-Ange et les ingénieurs observent et mesurent. Le sculpteur florentin contemple le paysage, la colline fortifiée de Péra de l'autre côté de la Corne d'Or, la gloire de Stambul qui lui fait face (...)" page 54.

Mais ça n'est pas le seul registre. En effet on peut penser le personnage de Mesihi incarne le registre pathétique et tragique à la fois : il n'ose révéler son amour à Miche-Ange, et le seul moyen pour lui d'oublier est de se plonger dans l'alcool:

"Il a sacrifié son amour une dernière fois, sans rien espérer en retour (...) Il pleure souvent; seule l'arrivée de la nuit et de la débauche lui apporte un peu de réconfort".

Le mélange de tous ces genres et de tous ces registres rend le roman agréable à lire puisque'il n'est pas monotone. Mathias Enard a su trouver le juste milieu entre fiction et réalité.

Aurélie et Manon


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